Neurones miroirs, physique quantique, champs morphiques et constellations familiales
Le phénomène de base sur lequel s'appuient les constellations familiales est celui des perceptions représentatives. Celles-ci se manifestent dans les représentants que le client a choisis pour se représenter lui-même et pour représenter certains membres de sa famille.
Nous ne discuterons pas de la réalité de ce phénomène qui ne peut plus être mis en doute que par ceux qui ne l'ont pas vécu et sur les bases de critiques théoriques et dogmatiques.
Nous essaierons de montrer comment la connaissance actuelle en physique quantique et en neurobiologie du cerveau d'une part, en psychologie et en théorie des champs d'autre part, peut nous conduire à des hypothèses à propos de phénomènes apparemment incompréhensibles, mais observés des milliers de fois lors des constellations.
Peut-être ceci permettra-t-il de rattraper le retard cognitif que les constellateurs ont pris par rapport à leurs expériences pratiques ou cliniques lorsque ces constellateurs sont également thérapeutes. Nous sommes également conscients de la nature nécessairement métaphorique de notre réflexion.
Constellations familiales
Commençons par rappeler, en résumé, la pratique méthodologique des constellations familiales : le client expose son problème au médiateur (coach, thérapeute, conseiller euphoniste) qui décide quelles sont les personnes de son système familial à consteller (placer dans un espace déterminé). On ne peut évidemment pas placer tous les membres du système familial, car il y en aurait des dizaines : il s'agit de placer les plus importants par rapport au problème évoqué.
Le client choisit dans l'assistance des représentants pour les membres de son système familial et, selon son ressenti, il les place en relation les uns avec les autres dans l'espace défini.
Il se produit alors une chose aussi étonnante et curieuse qu'intéressante : les représentants commencent à ressentir des sensations, des émotions, des pensées, même des impulsions à la parole, au mouvement, qui correspond réellement à la dynamique relationnelle et psychologique des personnes qu'ils représentent : des membres vivants ou décédés du système familial du client. Ces représentants ne connaissent rien ou pratiquement rien de la vie des personnes tout à fait étrangères qu'ils vont représenter : j'insiste sur le fait que les représentants n'ont pas d’informations (ni détaillées, ni explicites) quant aux personnes qu’ils représentent. Malgré cela, les perceptions représentatives, de façon étonnante, mais tout à fait habituelle, guident le médiateur vers une meilleure solution au problème exposé par le client, non seulement au bénéfice de ce dernier, mais aussi pour tous les membres de son système familial concernés par ce problème.
C'est comme si les personnes constellées dans ce nouveau système représentatif entraient en contact, en résonance avec le système familial du client, et ce malgré l'éloignement spacio-temporel.
Le biologiste Rupert Sheldrake appelle cela la résonance morphique. Dans le cadre du travail de constellations, je nomme ce phénomène la résonance morpho-systémique. Inspirés par l'embryologiste allemand Hans Driesch, le Russe Alexander Gurwitsch, de Saint-Pétersbourg, et l'Autrichien Paul Weiss à Vienne, scientifiques de renom, ont montré que l'explication biologique classique basée sur la transmission génétique ne suffisait pas à expliquer l'évolution de la vie : ils y associèrent la théorie des champs de force, se basant sur l'existence d’autres champs comme le champ gravitationnel et le champ électromagnétique.
« L’explication biologique classique ne suffit pas à expliquer l’évolution de la vie »
Le Britannique Waddington, biologiste de l'université d'Edimbourg, utilise le mot « chréode » pour signifier une voie de transformation canalisée vers un but. Ce but serait l’attracteur permettant aux informations et aux énergies de se rassembler pour en permettre la manifestation ou la matérialisation.
C'est ensuite Rupert Sheldrake qui a étudié, approfondi et élargi l'idée du champ morphogénique en l’étendant de la biologie à de nombreux autres domaines comme le social, l'économie, la psychologie, proposant de nommer ces phénomènes des champs morphiques.
Mais revenons à notre constellation familiale, au cours de laquelle se produisent des phénomènes représentatifs du type suivant : les représentants manifestent un savoir précis, des faits détaillés quant à la famille du client, que ce dernier ignorait jusque-là. Je rappelle que nous ne sommes pas dans une séance de voyance, et que ces phénomènes se produisent quasiment toujours au cours des constellations. La question peut être : s'il existe un champ morphique familial, un système familial, que peut-être les psychologues jungiens appelleraient « l’inconscient collectif ou familial », comment les informations sensorielles, émotionnelles et cognitives se manifestent-elles dans les personnes du nouveau système représentatif constellé ?
De notre point de vue, seules les théories quantiques et leur application aux champs peuvent aujourd'hui nous fournir quelques réponses et hypothèses satisfaisantes. Nous y revenons dans la dernière partie de cet article.
Auparavant, il nous faut aborder une autre question nécessitant quelques explications fournies par la biologie génétique, la psychologie systémique et généalogique : quels sont les différents « éléments d'informations » qui se transmettent dans un système familial ?
Neurones miroirs
Au niveau biologique, et ce n'est plus un fait secret pour personne, la transmission se fait par les gènes. Au niveau psychologique, elle se fait principalement par les comportements basés sur la relation, l'observation et l’imitation. Nous savons aujourd'hui qu'au-delà de l'apport génétique paternel et maternel, de par sa relation symbiotique à la mère, l'embryon, dès la conception, puis le fœtus tout au cours de la grossesse, sont influencés positivement ou négativement non seulement par la physiologie, mais également par la vie émotionnelle de la mère. Puis commence la période de l'éducation et du conditionnement.
La connaissance du fonctionnement des « neurones miroirs » nous éclaire non seulement sur les processus de l'apprentissage et de l’imitation et par là même sur le développement de l'intelligence, mais également sur les phénomènes mystérieux des perceptions représentatives : ces dernières étant toujours liées à des « mouvements » corporels, sensoriels, émotionnels ou intellectuels. Ces mouvements ont nécessairement comme déclencheurs des informations. Ces dernières ne peuvent provenir que du champ morpho-systémique familial représenté et en résonance, à la fois avec le problème évoqué par le client et avec son système familial : les neurones miroirs reflètent (réfléchissent, miroitent) ces informations dans les centres visuels cérébraux et les communiquent instantanément et immédiatement (= étymologiquement : sans intermédiaire) dans les centres moteurs des représentants. La constellation devient alors la matérialisation, la manifestation de l'évolution passée et de l'état présent du système familial du client. Rupert Sheldrake après avoir assisté à des constellations familiales, disait son étonnement de voir pour la première fois devant lui la manifestation de champs morphiques en action !
« Les neurones miroirs sont un mécanisme de projection »
Dans une communication à l'Académie des sciences de l'Institut de France, l'un des découvreurs des neurones miroirs du département des neurosciences de l'université de Parme, le professeur Rizolatti, décrit certaines fonctions essentielles des neurones miroirs. Leur caractéristique principale est de s'activer aussi bien quand on effectue une action soi-même que lorsqu'on l’observe par une autre personne. Les neurones miroirs sont un mécanisme de projection de la description d'une action, des aires visuelles complexes vers les aires motrices du cerveau. C'est d'ailleurs ce mécanisme qui permet la compréhension de l'action et ensuite, éventuellement, son imitation. Ceci signifie que les neurones miroirs permettent de voir ce que l'autre fait et de comprendre pourquoi il le fait (c'est-à-dire son intention) avant de pouvoir l’imiter. Il permet donc non seulement de reconnaître une action, mais également de prévoir l'action suivante, c'est-à-dire l'intention. Des recherches plus récentes ont démontré que ces mécanismes des neurones miroirs est également actif dans « l'empathie », définie comme la faculté de ressentir la même sensation, la même émotion ou le même sentiment qu'éprouve une autre personne.
« Les neurones miroirs permettent de prévoir l’intention »
Par ailleurs, ces mécanismes appuient également la thèse de l'origine gestuelle de la parole : la parole est née du langage gestuel et non des cris d'animaux, comme on le pensait avant les travaux de Condillac. Grâce aux neurones miroirs, les mouvements et les gestes, qui sont des messages archaïques, sont compris par l'observateur sans qu'il soit besoin de communication verbale. Dans le cadre des constellations familiales, ceci explique d'abord l'importance et l'efficacité des placements, déplacements et autres mouvements symboliques se référant à cette forme de communication archaïque et immédiatement comprise par les représentants. Les transformations quasi instantanées des états émotionnels au cours des constellations familiales trouvent là également leur explication. Pour les psychologues, psychiatres et psychothérapeutes, l'étude des neurones miroirs apporte également des éléments nouveaux de compréhension de certaines pathologies mentales graves, comme l'autisme et la schizophrénie dont nous savons qu'elles reposent, au moins pour l'autisme, sur un manque d'empathie : celui-ci serait lié à un déficit de leur système neuronal miroir et la gravité de leur maladie proportionnelle à l'importance de ce déficit.
La connaissance des neurones miroirs permet également de comprendre l'importance de la relation mère-enfant, dont la qualité conditionne le développement de ce dernier : en effet la mère se reflète non seulement elle-même dans le psychisme de l'enfant, mais elle y reflète également ses propres relations avec ses parents, ses aïeux, sa fratrie et, évidemment, avec le père de l'enfant (identification freudienne).
Au cours des constellations familiales un autre phénomène se produit : lorsque le médiateur laisse le client choisir lui-même les représentants des membres de son système familial, celui-ci choisit inconsciemment et de façon habituelle des personnes ayant le même type de problème que celui qu'il a évoqué : ceci, sans pourtant rien connaître de la vie des représentants qu’il choisit. Serait-ce encore le mécanisme gestuel et émotionnel des neurones miroirs ?
Physique quantique
L'étude des neurones miroirs nous donne quelques pistes pour la compréhension de nombre de phénomènes apparaissant dans les constellations familiales, d'autres doivent donner lieu à une réflexion incluant la physique quantique, en particulier la question : comment les informations passent-elles de la mère à l'enfant, du client à son représentant pendant les constellations ou encore du système familial réel du client ou système morphique représentatif constellé ?
« Comment les informations passent-elles du client à son représentant ? »
Comme chacun sait, on peut traduire l'équation d’Einstein (prix Nobel 1921) E=MC2 en : l’énergie est équivalent à la matière. La physique quantique, en particulier la mécanique quantique développée par Heisenberg (prix Nobel 1932) et Dirac (prix Nobel 1933 avec Schrödinger), ensuite élargie à la théorie quantique des champs avec Pauli (prix Nobel 1945), permettront de comprendre l'équivalence de la matière, de l'énergie et de l'information telle que le la présente aujourd'hui Thomas Görnitz, de l'université de Francfort.
Équivalence signifie que l'un peut se transformer en l'autre : information–énergie–matière. Görnitz a montré qu'en reliant la théorie quantique à la théorie de la gravitation et en particulier aux trous noirs et à la cosmologie, il devient possible de définir la valeur absolue de l'information quantique. Rappelons que plus on s'enfonce dans l'infiniment petit de la matière, plus celle-ci a tendance à disparaître pour laisser place à l'énergie et enfin à l’information. Ainsi, un atome est surtout de l'espace vide, avec un noyau central, contenant des quarks considérés comme les pierres de construction des protons et des neutrons. Ceci est la conception classique ; elle est cependant en contradiction avec la réalité quantique : la masse de quarks ne représente qu'environ 2 % de la masse totale des protons, le reste est ce qu'on pourrait appeler le « mouvement » des quarks !
« Toute information étant partout elle est présente nulle part »
Si nous revenons maintenant sur l'équivalence matière–énergie–information et qu'ainsi, nous comprenons que l'information peut exister en dehors de l'émetteur et du récepteur, nous pouvons en conclure que l'information quantique est avant tout non locale, c'est-à-dire « partout présente dans tout le cosmos » : elle est cosmique, au sens propre du terme. Ce qui signifie également qu'il est nécessaire de concevoir toute unité d'information quantique (un bit quantique) comme présent dans tout le cosmos. Cependant, dès que cette unité d'information est définie, elle devient par la même localisable. Ainsi si un bit normal n'est représenté que par droite ou gauche, un bit quantique se définit par le contexte, « où se trouve la droite et la gauche », c'est-à-dire de l'environnement.
Ceci est d'ailleurs la caractéristique de tout système quantique : sa potentialité relationnelle incluant tous les possibles. Plus il y a d'informations, plus il y a de manifestations : par conséquent, nous pouvons définir la matière en relation avec les trous noir et la cosmologie comme de l'information quantique condensée, un peu comme de la vapeur d'eau se condensant en une goutte. Ceci signifie que nos pensées, qui sont de l'information, sont aussi réelles que les neurones de notre cerveau… Ces derniers sont de l'information condensée et les pensées sont de l'information pure, non matérialisée. D'un point de vue plus général, ceci implique que toute information étant partout (dans le cosmos), elle n'est présente nulle part, c’est-à-dire ni ici, ni maintenant … sauf si elle est couplée à un substrat porteur.
« Nos pensées sont aussi réelles que nos neurones »
Dans le cadre des constellations familiales, nous créons un contexte (le client, son problème = son intention, les représentants), contexte dans lequel une information partant du système familial du client peut se manifester dans les représentants sous forme de perceptions représentatives. Si maintenant, par un travail spécifique, nous introduisons dans le système constellé de nouvelles informations (proposition de meilleure solution), celles-ci - et notre expérience le confirme - se répercutent sur le système familial du client. Ainsi par le fait de sa non-localité, cette information pourra se manifester de façon instantanée et immédiate si un attracteur existe : dans notre cas, l’attracteur est le champ morpho-systémique de la famille du client. Il s'agit là d'un phénomène « EPR » (nommé d’après Einstein, Podolsky et Rosen) : en effet, selon le principe quantique de non-localité, l’information produite à un endroit est perçue de façon immédiate et instantanée à un autre endroit, sans nécessité d'un élément conducteur entre l'émetteur et le récepteur !
Un exemple : une cliente nous signale que son fils, après une dispute, ne lui adresse plus la parole depuis 10 ans. Nous imaginons la souffrance de la mère… Et certainement celle du fils, enfermé dans sa négativité. Au cours de la constellation familiale, nous mettons en place une solution de réconciliation. Le lendemain matin, de retour à notre stage, la mère nous raconte - vous pouvez imaginer son état émotionnel - qu'en arrivant chez elle, elle a trouvé sur son répondeur téléphonique un message de son fils !
La plupart des psychothérapeutes, des coaches et autres conseillers savent que des phénomènes EPR ne sont pas rares et qu'après une supervision au cours de laquelle le cas d'un client (particulier ou entreprise) a été examiné, une solution a déjà commencé à se mettre en place, sans que le client ait été averti de la supervision ni de son contenu.
Pour que quelque chose de matériel existe pour nous, il faut nécessairement de la matière, de l'énergie et une information. Si je prends comme exemple ce stylo feutre : vous en voyez la matière. Il est gris, rond, mesure une douzaine de centimètres… Mais pour que ce feutre existe, qu'est-ce qu'il a fallu ? Il a fallu déployer de l'énergie pour assembler cette matière en lui donnant cette forme, il a fallu aussi des énergies humaines pour le faire, il a fallu une information : il a fallu que quelqu'un ait l'idée de ce feutre. Ce feutre existe parce qu'il y a eu une idée, de l'énergie et de la matière et tout ceci donne la manifestation telle que nous la percevons. On peut donner à l'information d'autres noms : une idée, ou bien un archétype, ou bien un plan, ou bien comme dit Rupert Sheldrake un champ morphique ou morphogénique, ou bien comme disait Platon une âme. Une âme, c'est la même chose qu'un champ de force, ça ressemble à ce qu'on pourrait appeler un plan ou ce qu'on appelait autrefois un archétype (au Moyen-Âge par exemple, on appelait aussi l’âme un corps astral) … Peu importe le nom, tout ceci sont des formes d'information. Pour nous, êtres humains, notre vie a une forme d'énergie. Si notre information est notre âme, notre énergie vitale est la vie (autrefois on appelait cela le corps éthérique). Enfin il y a la matière dont est composé ce feutre. Ainsi, toute manifestation est formée d'une certaine quantité, d'un certain mélange d’information, d’énergie et de matière sans lesquelles cette information ne pourrait pas se manifester. Sans l'énergie qui a permis de fabriquer ce feutre, il n'existerait pas ; sans sa matière il n'existerait pas ; sans l’idée que quelqu'un a eue un jour, il n'existerait pas. Laquelle de ses composantes est la plus manifeste ici ? La matière de ce feutre, mais le reste existe aussi. Ce feutre est une idée + de l'énergie + de la matière. Si je détruis ce feutre, si je le brûle par exemple, la relation matière/énergie/information change. La matière brûle et est transformée en plus d'énergie et moins de matière, et l'information reste. Si je le détruis complètement, si je le brûle complètement, que reste-t-il de ce feutre ? De l’énergie encore. Et que fait cette énergie ? Elle se disperse. Et quand l'énergie est complètement dispersée, que reste-t-il de mon feutre ? Il reste l'idée de mon feutre. Mais où ? De façon manifeste, mon feutre n'existe nulle part, mais l'idée – donc le feutre non manifesté, l'idée ou l'information « feutre » –, où est-elle ? Elle est d'abord nulle part.
De façon manifestée, elle n'est nulle part, et de façon non manifestée elle est partout. De façon manifestée, le feutre est détruit, donc il n’est nulle part, mais de façon non manifestée, il est partout, et quand devient-t-il à nouveau manifeste ? Quand quelqu'un y pense, capte à nouveau l'idée du feutre, trouve à nouveau des énergies et de la matière pour le fabriquer.
Partout et nulle part
Exemple deux : une information écrite
Nous allons utiliser une autre comparaison pour vous aider à mieux comprendre encore. Sur cette feuille j'ai des informations écrites. Par exemple, l'information suivante : « comprendre comment un représentant devient un attracteur ». C'est l'information écrite sur mon papier. Maintenant imaginez l'information. Elle existe aussi sans mon papier. Quand cette information n'est plus écrite sur mon papier, quand je l'enlève de la matière, vous savez qu'elle continue à exister, puisque nous pouvons la capter, la penser, l’exprimer. Mais où est-elle ? Nulle part, jusqu'à ce que quelqu'un la pense ou l'écrive à nouveau. Mais où est nulle part, puisque n'importe qui, n'importe où, peut à nouveau la capter ? Vous comprenez la différence entre le papier (ou votre cerveau qui est capable de capter une information) et l'information elle-même ? Où cette information existe-t-elle ? Nulle part… ou bien : partout où elle peut se manifester.
Si vous comprenez ce paradoxe, vous comprenez un des plus grands mystères de la spiritualité et aussi de la physique quantique, parce que vous avez compris que le vide des mystiques, c’est la plénitude qui contient tout, et aussi que nulle part, c'est la même chose que partout. En physique quantique, ce raisonnement s'appelle le principe de non-localité dont nous avons parlé plus haut, principe découvert par Einstein, Podolsky et Rosen, encore appelé paradoxe EPR, et pour lequel ils ont reçu le prix Nobel.
« Tout ce qui a existé un jour continue à exister comme une information »
Mais pour nous, ce qu'il est intéressant de comprendre, c'est : où l'information existe-t-elle (une information pouvant être une idée, mais aussi un évènement qui a existé dans le passé) ? Même si tous les papiers, ou tous les cerveaux, ont disparu, où existent toutes les informations, depuis le début des temps ? Nulle part… ou bien partout où elles peuvent se manifester, par exemple parce qu'un cerveau peut les capter. Un cerveau peut les capter, un feutre peut les écrire, un morceau de papier peut leur servir de support… Tout ce qui a existé un jour continue à exister comme une information. Mais lorsque je veux une de ces informations qui existent quelque part, il faut que j'aie de l'énergie, il faut que j'aie de la matière pour manifester à nouveau l'information là où je suis. Si j'arrive à avoir ce contexte énergie + matière, je peux capter les informations, parce que toutes les informations sont présentes nulle part, ou partout potentiellement. Donc, pour qu’il y ait manifestation, il nous faut de l'information, de l'énergie et de la matière.
L’être humain…
L’être humain, c'est de la matière. Les matérialistes pensent d'ailleurs que ce n'est que de la matière, ou presque, mais ces dernières décennies ils ont commencé à comprendre que l'être humain était aussi de l'énergie, parce que Einstein a dit que l'énergie est de la matière et que la matière est de l'énergie, que l'une peut être transformée facilement en l'autre. Ainsi les physiciens modernes savent désormais que la matière peut être de l'énergie ou de l'information. Donc l'être humain est de la matière : son corps physique, son cerveau, ses cellules, son code génétique… forment sa matière. Quand il est vivant l'être humain a son énergie vitale, il est donc de l'énergie ; il est nécessairement formé d'informations, puisque rien ne peut exister sans information. Cette information, dont le code génétique et dont tous les êtres humains sont le reflet, c'est son psychisme ou son âme. Psychisme, ou âme, sont simplement d'autres mots pour ce qu'on nomme « information » dans un langage plus moderne. On peut aussi parler de code génétique, pour celui qui est uniquement matérialiste… Le matérialiste invétéré pense qu'il n'y a qu'un code génétique, comme si la matière du code génétique pouvait exister sans énergie et sans information.
« Vous êtes un être nouveau, mais formé de tout ce qu'étaient votre père et votre mère »
Le système familial :
Approche biologique est génétique
Pour vous, être humain, d'où viennent les informations qui vous composent, l'énergie qui vous compose et la matière qui vous compose ? De votre père et de votre mère, évidemment ! Un jour, deux cellules se sont rassemblées. Elles venaient d'un père et d'une mère qui se sont rassemblés, et c'est ce qui vous a fabriqué, parce qu'il y avait une information, de l'énergie et de la matière et que rien ne peut exister sans ces trois éléments.
Toute l'information qui composait votre père et votre mère est inscrite dans votre code génétique. Tout ce que savent votre père est votre mère est en vous, dans vos cellules, et pas seulement dans vos cellules, mais dans ce qu'on appelle votre inconscient ou votre psychisme. Vous êtes un être nouveau, mais formé de tout ce qu’étaient votre père et votre mère, et pas seulement génétiquement et matériellement, mais aussi au niveau de l’information.
Et vos parents, chacun, d'où ont-ils reçu la matière, l'énergie et les informations qui les composent ? De leurs parents, vos grands-parents. Toute l’information qui était dans vos grands-parents leur a été transmise et vous a été transmise, et on peut remonter de cette manière jusqu'au début des temps. C'est ce qui forme ce que nous appelons le système familial, ou le champ morphique de la famille, ou l'âme des ancêtres, ou la mémoire de votre famille ou de vos ancêtres, et personne ne sait où ça s'arrête, mais toute cette mémoire est accessible très facilement à travers vous, chacun par rapport à ses propres lignées. Je simplifie évidemment tous ces raisonnements… Donc, notre âme, ou notre champ morphique ou, encore une autre façon de l’appeler : notre inconscient, contient tout ce qui est lié à nos lignées, à nos ancêtres, et chacun d'entre nous est un mélange tout à fait unique. C'est ce qu'on peut appeler en physique quantique la manifestation de toutes ces informations qui ont disparu et qui sont nulle part, mais qui peuvent se manifester n'importe où, partout, parce que nous existons comme l’attracteur ou le contexte qui peut manifester toutes ces énergies et toutes ces informations du passé.
Que faisons-nous dans les constellations ? Nous créons un espace matériel (la matière), nous rassemblons des énergies : tous les assistants et tous les représentants, le client qui nous amène son problème avec toutes les informations qu'il porte en lui, mais qui habituellement ne lui sont pas accessibles parce que ces informations sont tellement condensées en lui qu’elles font sa vie : il est tellement identifié qu'il est ces informations. Lorsque nous créons un espace matériel un peu plus grand et que nous apportons d'autres énergies, alors toutes les informations que contient le client deviennent accessibles si nous créons les conditions pour que ce soit possible : conditions matérielles, conditions d'énergie, un client avec un problème, des représentants. Le client et les représentants deviennent les attracteurs de ces informations et les représentants manifestent les informations contenues dans les systèmes auxquels appartiennent le client, ses lignées ancestrales, par exemple.
La théorie de la relation d'objet :
Approche psychologique
Maintenant, qu'est-ce que l'inconscient ? Il y a deux façons d'aborder le sujet : une façon basée sur la neurologie et le fonctionnement du cerveau, et une autre façon basée sur l'idée de l'inconscient et de l'esprit. Il existe de nombreuses théories sur la nature de l'esprit. L'une des plus anciennes, et l'une des plus modernes en même temps, dit la chose suivante : notre inconscient est un espace dans lequel se manifestent des « objets » (en psychanalyse, un « objet » signifie une personne), donc des images de personnes. Certains courants psychanalytiques disent qu'il y a dans l'inconscient des images de personnes en relation les unes avec les autres, que l'inconscient est ainsi formé de toutes ses interrelations d'images. L'inconscient est un espace, il y a dans cet espace des objets ou des images en relation les uns avec les autres. Il y a par exemple une image qu'on appelle l'image de soi et cette image de soi est en relation avec d'autres images, des images d'autres personnes. Cette théorie est appelée la théorie de la relation d'objets (donc la relation d'images, ou de personnes, au niveau de l'inconscient).
« L'inconscient est un espace »
Désidentification
Dans notre inconscient, il y a donc l'image de soi, l'image que nous avons de nous, il y a aussi l'image que nous avons de tous les autres, et toutes ces images sont en relation les unes avec les autres. À ce propos, que veut dire « inconscient » ? C'est par définition quelque chose dont nous n'avons pas conscience, que nous ne savons pas et en effet, nous ignorons tout ce qui se passe dans notre inconscient. Nous ne savons pas quelle image de nous-mêmes nous portons dans notre inconscient, nous ne savons pas quelle image nous avons des autres dans notre inconscient. Nous savons que toutes ces images sont en relation et qu'elles sont notre inconscient, mais il manque un élément. Pendant longtemps, les anthropologues et psychologues – appartenant au courant matérialiste – pensaient que l'enfant naissait avec un inconscient ou un esprit vide, vierge, et que l'éducation et tout ce qui se passait dans la vie de l'enfant s'inscrivait dans cet esprit vierge. On sait aujourd'hui qu'en réalité, déjà à la naissance, il y a dans l'inconscient de l'enfant des images de tous les types, de toutes les relations possibles dans l'humanité et en particulier, puisque nous parlons de systémique, toutes les images de ses ancêtres. On appelle ces images des proto-objets. C'est aussi ce que C.G. Jung appelle des archétypes. L'enfant naît avec toutes ces images en lui, dans son inconscient, et il va rencontrer sa mère et tous les autres avec ces images. Que va-t-il se passer quand il rencontre quelqu'un ? Ce sont de nouvelles images qui entrent dans son inconscient et qui, alors se mélangent aux anciennes. L’image de sa véritable mère va rejoindre toutes les images de mère qui peuplent déjà son inconscient. Donc qu'est-ce qui va venir à la conscience de l'enfant quand il verra sa mère ? Est-ce qu'il verra vraiment la femme qui est devant lui ? Oui, il verra la femme qui est là devant lui, mais ceci à travers toutes les images qu'il porte dans son inconscient, et en particulier celles qui l’ont le plus marqué, c'est-à-dire les images les plus fortes et celles qui sont les plus proches de sa conscience.
Qu'est-ce que cela signifie pour nos relations ? L'être humain croit entrer dans une relation avec quelqu'un alors qu'en réalité il entre toujours dans une relation d'image à image, il entre dans la relation que lui dictent ses images inconscientes.
« L’être humain entre toujours dans une relation d'image à image »
C'est une des choses que nous mettons en évidence dans les constellations. Tout ce que je viens d'expliquer en détail est une version très simplifiée de la réalité, mais elle suffit pour nous permettre de revenir maintenant plus directement à la compréhension de ce qui se passe au niveau systémique. Nous pouvons appliquer directement ce que je vous ai expliqué à ce que nous voyons lors des constellations : quand une personne est identifiée à une autre, cette identification signifie en réalité qu'une image très forte dans son inconscient relie cette personne à celle à laquelle elle est identifiée, et que ce lien avec cette personne, à l'intérieur de son inconscient, est un mélange entre l'image de soi et l'image de l'autre. Quand vous êtes intriqué ou identifié, vous restez un peu vous-même mais vous êtes aussi un peu celui avec lequel vous êtes intriqué. Ce que nous faisons dans les constellations familiales, c'est que nous vous libérons de cette intrication : nous séparons à nouveau l'image que vous avez de vous de l'image que vous avez de l'autre, nous vous séparons de l'autre image dans votre inconscient. Ceci parce que nous avons réussi à rendre conscientes ces images, nous les avons sorties de l'inconscient… Donc nous séparons à nouveau les deux images que vous portiez inconsciemment et vous pouvez redevenir vous-même, tout en gardant ces mémoires en vous, puisque c'est ainsi que votre inconscient est fabriqué.
« La physique quantique nous permet de mieux comprendre l'esprit »
Ces quelques réflexions ne se veulent ni exhaustives, ni définitives quant à une approche explicative des phénomènes apparemment mystérieux ou proprement incroyables qui surviennent lors des constellations familiales. J'espère avoir donné quelques pistes aux chercheurs intéressés. Une dernière réflexion en guise de conclusion : le principe de la non-localité de la physique quantique n'est pas seulement spacial, mais aussi temporel : un système quantique n'a pas de temps interne ; c'est-à-dire qu'il est dans un présent continuel sans passé ni futur. C'est cette même idée que les maîtres de sagesse d'autrefois, dans leur spiritualité, nommaient l'éternité. C'est peut-être aussi ce que Carl Gustave Jung appelait l'inconscient et dont Sigmund Freud disait qu'il ne connaissait pas le temps.
La réalité de l'information et de la pensée nous permet aussi de concevoir celle de la conscience et de l'esprit sans le substrat de la matière, c'est-à-dire sans le cerveau et sans le corps. La physique quantique, à la pointe de la science, nous permet de mieux comprendre l’existence non matérielle de l'esprit… et sa survie, même après sa séparation d'avec le corps physique… La question : cet esprit du fait de sa nature informatique, devient-il non-local et se dissout-t-il dans le cosmos, ou reste-t-il individualisé en se liant à un autre substrat, ou corps porteur ?
Idris LAHORE
philosophe et psycho-anthropologue
Fondateur de la Libre Université du Samadeva.
Article publié avec l'aimable autorisation de la revue "Science de la Conscience".